Etre Libéral au XXIème siècle
Qu'est-ce qu'être libéral ?
Etre libéral c'est croire en la liberté. C'est croire en l'homme. C'est vouloir la liberté de conscience, la liberté d'expression, la liberté pour chacun
de construire comme il le souhaite sa propre vie, ...
Un libéral place l'homme au centre de la société, l'homme avec le respect de sa personnalité, de sa culture, de sa liberté politique, philosophique
et intellectuelle.
Le libéral entend que chaque homme décide lui-même de ce qu'il considère être son bonheur. Pour lui le progrès de la société est inséparable de
la promotion intellectuelle, morale et sociale des individus qui la composent.
Parce que les notions de liberté et de responsabilité sont étroitement liées, et que l'une ne va pas sans l'autre, le libéral milite pour une société
de responsabilité dans la famille, dans l'entreprise, dans les relations sociales.
Attaché aux droits de l'individu, le libéral est conscient que l'homme n'a pas que des droits mais aussi des devoirs. A commencer par le devoir de
solidarité qui répond à une des aspirations fondamentales de la conscience humaine. Notre bonheur individuel ne peut être égoïste. Il ne peut se
construire sur l'absence de bonheur de l'autre. Il ne peut conduire à un individualisme exacerbé. La liberté ne peut jamais être absolue à défaut
de ne plus exister. Du fait même que nous vivons en société certaines restrictions à son exercice sont nécessaires.
Le libéralisme est bien plus qu'un moyen d'organiser la société sur le plan économique. C'est une façon de vivre, de penser et d'agir et cela
concerne la vie sociale, culturelle ou politique autant que l'organisation administrative ou judiciaire.
Libéralisme et modernité
Les libéraux ont joué au XVIllème siècle et au XIXème siècle un rôle central dans la conquête des libertés fondamentales.
Le libéralisme a brisé au XIXème siècle le cercle infernal du malthusianisme. Il a permis les progrès économiques et sociaux importants du XXème
siècle.
En Belgique nous devons notamment au XIXème siècle aux libéraux l'enseignement obligatoire et la création de la Caisse Générale d'Epargne et de
Retraite pour favoriser l'épargne populaire. Ce sont les libéraux qui ont été au XXème siècle à l'origine dans notre pays de la première loi sur la
réparation des accidents du travail.
Lord Beveridge, un libéral anglais, est le père de notre système de sécurité sociale en Europe occidentale.
Notre société ne rencontrera les défis auxquels elle est confrontée en ce début de XXIème siècle qu'en misant sur le dynamisme et l'imagination
des hommes qui la composent. Plus que jamais elle a besoin du libéralisme.
Les sociétés basées sur un autre modèle que la démocratie libérale ont montré leurs limites. Les sociétés lourdes, étatiques et centralisées n'ont
pas la souplesse nécessaire pour s'adapter à un monde en changement permanent. Dans notre société moderne il est important de favoriser
l'autonomie et la puissance créatrice de chaque individu.
La société de la connaissance
Dan un monde en bouleversement les pays qui progressent sont ceux qui font le pari de la connaissance, le pari du progrès technologique et
scientifique.
La vraie richesse aujourd'hui est le potentiel humain.
L'Education, la formation, le recherche scientifique sont essentiels pour le développement économique et social et le développement humain.
Dans une perspective libérale, chaque individu doit trouver l'enseignement qui lui convient et cela au moment où il en a besoin. Cela signifie
que dans le contexte dynamique où nous vivons, il doit pouvoir choisir sa formation, l'actualiser, la réorienter et la compléter tout au long
de son existence.
L’égalité des chances doit s'ajouter à l'égalité des droits. L'égalité des chances est le droit pour tous de concourir à l'acquisition de la
connaissance et non pas le droit au diplôme pour tous quelque soit le niveau de connaissance acquis. Elle suppose l'élimination des barrières
financières, sociales ou culturelles à l'éducation et à la formation (par le développement des bourses d'étude, des écoles de devoir, des cours
de rattrapage, ... ).
L'effort et la recherche de l'excellence doivent redevenir des qualités centrales dans l'éducation et la formation. Ce sont ces qualités qui hissent
l'individu à son plus haut niveau de performances et qui, ce faisant, donnent à la société les moteurs de son développement économique, social
et culturel.
La justice sociale
L'homme, son droit à construire sa propre vie, son propre bonheur est au centre de la pensée libérale. « Il n'y a pas de liberté dans l'ignorance
et la misère » soulignait déjà dans l'entre-deux guerres Paul Hymans.
Le chômage, 1'état de pauvreté d'une part croissante de la population, le caractère déshumanisé des rapports sociaux ne peuvent nous laisser
indifférents.
Le libéral ne défend pas la répartition égale des richesses pour rencontrer les problèmes sociaux. Il prône la solidarité et l'équité.
« Les inégalités sociales et économiques, comme l'écrit John Rawls dans la Théorie de la Justice, doivent être organisées de façon qu'à la fois
elles apportent aux plus désavantagés les meilleures perspectives et qu'elles soient attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous,
conformément à la juste égalité des chances ».
La justice sociale n'est donc pas la répartition égale des biens mais l'équité.
Un Etat social actif est pour un libéral un Etat qui soutient financièrement les personnes dont la situation individuelle ou familiale justifie son
intervention et qui aide les citoyens à retrouver leur autonomie.
Pour un libéral, il est essentiel de lutter contre la pauvreté, les handicaps de tout type, l'exclusion sociale. La sécurité sociale doit être une
véritable oeuvre de solidarité en faveur des plus faibles. C'est vers eux que la politique sociale doit être prioritairement orientée.
Une économie créée par et pour les citoyens
La société libérale repose sur l'économie de marché et l'esprit d'entreprise.
Dans une économie libérale, l'effort de chacun concourt à la production au sens large du terme et la consommation des biens et des services
récompense cet effort.
Le libéralisme économique ne se fonde pas sur un homme idéal, mais sur l'homme tel qu'il est. « Ce n'est pas de la bienfaisance du boucher, du
brasseur et du boulanger que nous espérons notre dîner mais de leur attachement à leurs propres intérêts » souligne déjà en 1776 Adam Smith,
le père de l'économie politique, dans son livre « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations».
Dans le monde évolutif qui est le nôtre la recherche du profit est le moyen le plus efficace et le plus simple pour faire émerger de toutes les
innovations celles qui économisent les efforts, de tous les nouveaux produits ceux qui satisfont les consommateurs. La fiscalité et la parafiscalité
ne doivent pas nuire au dynamisme des entreprises et des individus.
La recherche de son intérêt personnel au travers du profit ne peut conduire à la cupidité, à l'égoïsme, au rejet de tout souci de l'intérêt des
autres et de celui de la collectivité.
« L'individualisme égoïste, qui nie le but social de l'économie, de la bonne gestion, du profit, et qui refuse de les soumettre explicitement aux
critères d'intérêt général, n'est remarque Octave Gélinier dans Morale de l'entreprise et destin de la nation, qu'une perversion de l'économie
concurrentielle ».
Si les libéraux sont attachés à l'économie de marché, ils sont également conscients de l'importance économique et sociale du secteur
non-marchand. Il n'y a toutefois pas de secteur « non-marchand » sans un secteur « marchand » qui finance celui-ci.
Un Etat responsable
L'Etat a pour un libéral des missions essentielles : assurer la sécurité collective et individuelle, organiser la solidarité, protéger l'indépendance
judiciaire et fournir à la justice les possibilités d'une action efficace. L'Etat a également des devoirs en matière de santé, d'éducation,
d'environnement. Il a aussi pour rôle de planifier et d'ordonner le développement des infrastructures publiques.
La protection des libertés individuelles et collectives, la défense de la libre concurrence et la lutte contre les abus de puissance dominante sont
d'autres missions essentielles de l'Etat.
Toutes ces missions nécessitent un Etat efficace. Un tel Etat est tout le contraire de l'Etat « mêle-tout » et impuissant que nous connaissons
aujourd'hui.
Jacques Chirac a bien défini la vision libérale de l'Etat en affirmant « Nous voulons un Etat limité mais qui soit fort et respecté dans son
domaine ».
Moins d'Etat et mieux d'Etat c'est la réponse au trop d'Etat que nous connaissons aujourd'hui. Ce n'est pas l'Etat minimum mais un Etat nouveau
au rôle et aux missions redéfinies.
Selon la formule d'Abraham Lincoln « Le pouvoir ne doit pas faire ce dont les citoyens sont capables ».
C'est vrai en particulier, dans le domaine économique où les compétences de l'Etat doivent être centrées prioritairement sur la régulation, le
contrôle et la détermination des objectifs plutôt que sur un rôle d'opérateur économique.
Les fonctionnaires sont des acteurs essentiels des services publics. Ils doivent être étroitement associés à la modernisation de l'Etat.
Moderniser l'Etat c'est pour les libéraux agir pour que celui-ci rencontre mieux les besoins du citoyen. C'est aussi rapprocher le pouvoir du citoyen
en appliquant le principe de subsidiarité : les décisions doivent être prises, chaque fois que possible, par le niveau de pouvoir le plus proche du
citoyen. Cela permet un contrôle plus direct et une politique de proximité mieux comprise et donc mieux vécue par le citoyen.
Un esprit citoyen
Pour un libéral la démocratie est l’affaire de chaque citoyen. Elle ne peut être investie par des minorités agissantes ou des personnes défendant
des intérêts particuliers. Elle est notre bien à tous. L'homme politique n'est pas le seul responsable des affaires publiques. Le citoyen a aussi une
responsabilité. Il doit s'intéresser à la chose publique et ne pas se décharger aveuglement de la gestion de celle-ci sur ses élus. Il doit refuser
le clientélisme et l'Etat-spectacle. Il doit s'intéresser aux résultats des politiques suivies et s'informer sur la manière dont les fonds publics
ont été réellement utilisés.
Une citoyenneté responsable suppose la pratique de la tolérance et le rejet de l’intégrisme de quelque nature qu’il soit. Elle nécessite un
comportement individuel respectueux de l'autre quelque soit son origine et ses convictions et la lutte contre les incivilités de tout genre comme
la malpropreté publique ou le vandalisme. L'éducation civique doit débuter à l'école dès le plus jeune âge. La formation de l'esprit citoyen est
une des missions de l'école et des parents.
L'idée que l'avenir est déterminé et que l'action de l'individu est insignifiante a considérablement progressé dans les esprits. Cette idée est non
seulement dangereuse, elle est erronée. Rien n'est Jamais acquis en bien ou en mal. Chacun d'entre nous peut influencer un choix politique.
C'est le principe même de la démocratie. Prétendre que les options politiques sont sans portée ou équivalentes est absurde ! Une politique
d'inspiration libérale est différente d'une politique d'inspiration socialiste. Aucune ne se développe spontanément. Au citoyen de s'informer et
de choisir.