Inscrire son action dans le long terme 27 février 2012
Dans notre monde moderne tout doit aller vite, très vite parfois même trop vite, comme le souligne dans son dernier livre Jean-Louis
Servan Schreiber (*).
En tant que mandataire public, nous sommes aussi confrontés à cette pression du quotidien et nous sommes souvent assiégés par les urgences à
résoudre. Au jour le jour nous essayons de rencontrer les besoins de nos concitoyens. Et c’est bien normal, c’est pour cela que nous sommes là.
Mais nous devons aussi donner un horizon à notre action, ne pas nous laisser déborder par le court terme et inscrire notre action dans le long
terme. L’Institution Communale a l’avantage, par rapport à d’autres niveaux de pouvoir de notre pays, d’une stabilité politique pendant six ans.
Cette stabilité est un atout dont nous devons profiter pour préparer et mettre en œuvre des projets à long terme. C’est ce que font notamment de
nombreuses communes et CPAS bruxellois en élaborant, avec l’appui de la Région et de notre Association, un agenda local 21 qui est un plan d’action
pour un développement durable. Les pouvoirs locaux, on insistera jamais assez sur cela, sont un levier exceptionnel pour faire évoluer les choses
dans le bon sens. Participer à la dynamique d’un développement durable est essentiel si nous voulons anticiper l’avenir. Un domaine d’action à
moyen et long terme moins bien exploité par la Région et par nos communes est la présence des institutions européennes à Bruxelles. Notre
ville – région est la capitale mondiale du lobbying local et régional. Elle accueille pas moins de 243 bureaux de représentations régionales.
Beaucoup de régions et de villes européennes se regroupent dans des réseaux qui organisent entre elles des partenariats dans des domaines précis.
La Région bruxelloise et certaines communes sont présentes dans certains réseaux comme par exemple le réseau ERRIN qui regroupe 50 régions
européennes qui travaillent ensemble dans le domaine de l’innovation et de la recherche et sont organisées pour répondre ensemble à des appels
d’offres de la Commission européenne. L’IBGE collabore pour sa part avec cinq autres villes européennes dans le domaine de la lutte contre la
pollution. Certaines communes participent à des réseaux comme Quartiers durables ou Quartiers en crise. Nous pourrions toutefois faire encore
plus en matière de participation à des réseaux européens. De très nombreuses villes et régions européennes sont demanderesses de partenariats
avec notre Région ou l’une ou l’autre de ses communes. Les retombées économiques et sociales futures peuvent être importantes. Anticiper l’avenir,
c’est prendre en compte les besoins engendrés par la croissance démographique à Bruxelles en terme de place dans les crèches, de classes nouvelles
dans les écoles. Des besoins qui ne sont pas suffisamment pris en compte en raison du sous-financement de Bruxelles et de ses Communes.
La loi de financement qui régit la répartition des fonds entre les autorités fédérales et les régions sera très certainement revue.
Reste à savoir si l’on attachera suffisamment d’attention au contexte de la Région de Bruxelles-Capitale.
En effet, il n’est pas normal qu’une région génère autant de richesse et demeure privée
des ressources qui devraient normalement lui revenir. Si nous voulons à Bruxelles pouvoir mieux planifier le futur, nous devons revoir nos procédures
trop lourdes d’élaboration des plans régionaux et communaux et accorder plus d’importance à leur évaluation. Trois, quatre, cinq ans ou plus pour
élaborer un Plan Particulier d’Affectation des Sols… C’est trop ! La durée réelle des études d’incidences pour les grands projets urbanistiques est aussi
beaucoup trop longue. La bonne gouvernance ce n’est pas uniquement gérer le quotidien. C’est aussi préparer l’avenir. C’est ce qui rend passionnant
notre engagement au servicede nos concitoyens.
* « Trop Vite ! » - Jean-Louis Servan Schreiber - Albin Michel 2010